• Conférence Emile Gallé mars 2011

     

    « Emile Gallé ou  la passion de la Nature » 

    Conférence de  Nadine Soret  , professeur en Lettres modernes 

    vendredi 25 mars 2011  de 20h30 à 22h30     au Germoir de Condé-les-Herpy

     Emile Gallé, précurseur de l’Art Nouveau d’origine nancéenne, est aujourd’hui reconnu dans le monde entier pour ses œuvres exceptionnelles sur verre, sur bois et sur céramique, presque toujours inspirées par l’observation de la nature.

     Cette conférence illustrée par un diaporama éclairera le parcours de l’artiste à la lumière des recherches botaniques qu’il a effectuées en cherchant à expliquer les réflexions philosophiques et artistiques qui sont à la source de son travail, tout en évoquant au passage quelques causes que Gallé a défendues avec courage.

      Vase Les Globes d'Emile Gallé  photo C. Devleeschauwer

                Musée des Beaux-Arts de la Ville de Reims

                                    © photo Christian Devleeschauwer

     

    Les Globes d'Emile Gallé

    Acheté par Henri Vasnier (directeur de la maison de champagne Pommery) lors de l'Exposition Universelle de 1900, ce vase a été orné des fleurs et des fruits stylisés de la vigne (bien que son modèle ait peut-être été celui des tomates cerise, en y regardant d'un peu plus près...)

    L'artiste a poussé le raffinement du détail en représentant les grains à différents stades de mûrissement : ainsi les petits grains verts situés à l’extrémité de la grappe figurent-ils ceux qui n’ont pas encore mûri, les cabochons rouge rubis ceux qui sont gorgés de jus et resplendissent sous le soleil d'automne, tandis que le dessin stylisé d’une fleur de vigne, aux pétales blancs dessinés comme en filigrane, annonce les promesses de la récolte à venir. Vision cyclique de la nature...

    La citation gravée sur le vase provient d’un extrait des Contemplations de Victor Hugo, poème écrit en exil « A celle qui est restée en France » :

    " Les créations, l'astre et l'homme, les essieux

    De ces chars de soleil que nous nommons les cieux,

    Les globes, fruits vermeils des divines ramées,

    Les comètes d’argent dans un champ noir semées. »

                La lecture du quatrain entier montre que la récolte des fruits symboliques de cette vigne mystique participe également d’un vaste ensemble auquel l’homme appartient. Cette façon de voir les choses est très proche de la philosophie japonaise dont Guy Féquant nous parlait le mois dernier. Microcosme dans le macrocosme, vision cosmique de la nature...

    Emile Gallé, subjugué par la beauté du règne végétal, ne s’est pas contenté de le reproduire poétiquement. Un grand nombre de ses « œuvres parlantes » reflètent aussi un véritable idéal, tout à la fois social et philanthropique. Cette sagesse puisée dans l’observation attentive de la nature amène sa pensée au niveau de celle des plus grands scientifiques de la fin du XIXème siècle, comme l’a très justement fait remarquer son biographe François Le Tacon.

     Il est regrettable que l’artiste soit reconnu exclusivement à l’heure actuelle pour ses seuls – bien qu’exceptionnels -  talents artistiques. Car Gallé fut l’un des premiers à être convaincu de la nécessité de préserver la biodiversité, sans laquelle toute vie sur terre serait impossible. Gageons que notre époque sache enfin reconnaître la place qui lui est due comme précurseur de la pensée écologique du XXème siècle !

                                                                                                                            Nadine Soret

     

    Emile Gallé   (Nancy 1846-1904)
    Céramiste, verrier, ébéniste et décorateur français

    Emile Gallé est né à Nancy le 4 mai 1846. Il est issu d’une famille de commerçants en faïencerie et en cristal. Il fait ses études secondaires à Nancy où il obtient un baccalauréat es-lettres et part ensuite faire des études en Allemagne et dans différentes villes d’Europe (Weimar, Meisenthal (il étudie la chimie du verre), etc). 

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